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  • Photo du rédacteurAude Nazeyrollas

3 idées reçues sur le burnout

Une apprentie RH de mon réseau nous livrait fin 2019 sa réflexion sur la posture pas toujours facile d’apprenti(e), et sur le fait que certaines conditions de travail peuvent pousser au burn-out… Un post qui a engendré bon nombre de réactions (plus de 8 530 réactions et de 240 commentaires au moment où je publie cet article!). Preuve que ce sujet ne laisse pas indifférent, voire divise les foules.

Car à lire les commentaires, deux courants s'opposent :

- ceux qui comprennent, ont eu des expériences similaires ou connaissent des gens qui partagent cette expérience,

- ceux qui s'insurgent et crient au scandale sur fond de vieille rengaine du type "vous devriez vous estimer heureux d'avoir un boulot" ou "arrêtez de vous plaindre, de mon temps on faisait des stages non rémunérés".


J'ai regardé de près ces commentaires, et force est de constater qu’il y a encore beaucoup de préjugés et de méconnaissance sur le sujet.

Pour preuve, quelques perles : « à votre âge, le burn-out ça n’existe pas » ou encore « s’il y a burn-out, le niveau n’est pas là, il faut revoir ses ambitions », « il faut changer de voie ! » ou encore « on peut être un bon adjoint mais ne pas supporter le poids des responsabilités directes... »...et la liste est longue.


Il est grand temps de (re)balayer quelques idées reçues sur le sujet !


Idée reçue #1 : le burnout chez les jeunes, ça n'existe pas !
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Il y a quelques années, le burnout touchait plutôt les salariés en milieu de carrière (tranche des 35-45 ans), mais le phénomène évolue et l'on assiste aujourd'hui à un rajeunissement des victimes (la majorité des consultations sur ce motif concerne les 22-35 ans).


Chez les jeunes actifs, le burn-out est bien plus fréquent qu’on ne pourrait le penser, notamment parce qu’ils ne sont pas attentifs aux signes avant-coureurs, trop obnubilés par l’envie de relever leurs premiers challenges professionnels. Et les étudiants ne sont pas épargnés non plus, n'hésitant pas à cumuler plusieurs cursus pour se donner toutes les chances de trouver un emploi.

Le processus d'épuisement (les phases d'alarme, de résistance et d'effondrement) s'en trouve alors grandement accéléré (parfois entre 6 et 18 mois), là où des personnes plus âgées effectueront ce processus en plusieurs années.


Il faut dire que notre système scolaire français nous formate dès notre plus jeune âge : performance, évaluation 'sanction', comparaison systématique voire compétition, non-droit à l’erreur... nos jeunes arrivent peu préparés à la réalité du monde du travail et peuvent en effet s’épuiser dès leur premier job, tellement la pression sociale de la 'réussite' est grande !

Même s'il n'existe pas de statistiques précis sur ce sujet, quelques études confirment cette tendance, comme par exemple :

  • 16% des 15-29 ans présentent au moins un symptôme d’épuisement professionnel, 64% des 18-34 ans affirment être stressés ou stressées au travail et 12% des 18-34 ans disent, déjà, se sentir vidé(e)s affectivement par leur travail (étude du cabinet Technologia - 2014)

  • 25% des étudiants risquent le burnout (étude de la Smerep, organisme administrateur de la Sécurité sociale étudiante - 2018).


Idée reçue #2 : le burnout, ça ne touche que les gens fragiles !

Si certaines personnes peuvent être plus sujettes au burnout du fait d'un terrain psychologique plus fragile, toutes les personnes en burnout n'ont pas forcément ce terrain !

Au contraire, ce sont souvent des personnes 'fortes' qui sont touchées : celles qui font preuve de courage, qui ont une forte capacité de travail et donc une grosse capacité de résistance ! ce qui induit un niveau d'exigence élevé, une difficulté à dire non et à demander de l’aide, un fort besoin de reconnaissance…. (cliquez ICI pour découvrir mon article sur le profil type de la victime de stress chronique et d'épuisement).


Les causes d’un burnout sont multiples, complexes et ne peuvent pas être réduites à une simple vulnérabilité individuelle.

Le principal responsable, c'est avant tout l'organisation du travail : dans une entreprise bien organisée, qui permet l’expression libre de ses salariés sur le contenu de leur travail, dans laquelle les rôles sont clairement définis, où l’équilibre vie pro/vie perso est préservé et le management est bienveillant (…), il n’y a pas de place pour le burn-out.


NDLR : quand je lis qu'il est encore écrit dans certains offres d'emploi "résistance à la pression demandée", je n'ai qu'un conseil : fuyez ! ça en dit long sur le niveau de conscience de l'employeur sur le sujet...


Idée reçue #3 : le burnout c'est de la dépression

Ce sont deux choses totalement différentes !

  • le premier est un état d'épuisement professionnel qui s'installe progressivement, et qui en général s'améliore quand on s'extrait du contexte professionnel (WE, vacances, arrêt maladie...),

  • le second est une maladie qui se caractérise par une perte de l'élan vital (ne plus avoir envie de rien) et une humeur dépressive (voir tout en noir) et qui rejaillit sur toutes les sphères de la vie.

Dans certains cas, il est possible que le burn-out conduise à la dépression mais pas nécessairement.

Découvrez le très instructif comparatif des symptômes sur : http://www.centreduburnout.org/le-burn-out/burnout-depression/


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Alors à ceux qui pensent que le burnout touchent uniquement des personnes fragiles, pas à leur place ou qui n'ont pas 'les épaules' pour manager, et que de toute façon c'est de leur faute s'ils font un burn-out... soyez prudent(e)s dans vos affirmations.

Nous sommes tous uniques et différent(e)s et la psychologie est quelque chose d'aussi complexe que subtile. Ainsi nous ne sommes jamais dans la tête et le cœur de l'autre...

Que l'on soit étudiant, jeune actif ou salarié expérimenté, il n'est pas normal d'être épuisé pour le travail. Donc si quelqu'un souffre, même si vous n'en comprenez pas les raisons (selon VOTRE référentiel de pensée), ne niez pas sa souffrance qui est hélas bien réelle pour lui ou elle ! écoutez-le et essayez de l'orienter vers quelqu'un qui pourra l'aider (médecin du travail ou médecin traitant, préventeur, RH, thérapeute...).

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